Une nouvelle enquête de la firme Novus, publiée par le journal en ligne suédois Bulletin, montre que plus de 85 % des personnes nées à l’étranger sont retournées à un moment ou à un autre dans leur pays d’origine pour y passer des vacances. Parmi ceux qui sont arrivés en Suède en tant que réfugiés, la proportion de ceux qui ont passé des vacances dans leur ancien pays d’origine est de 79 %.
Partir en vacances dans le pays que l’on a fui est devenu un sujet de discussion dans les pays européens ces dernières années. Bulletin a demandé à Novus d’enquêter sur la façon dont les personnes nées à l’étranger perçoivent la migration de retour, l’éducation de leurs enfants et les vacances dans leur pays de naissance. L’échantillon est composé de 1050 personnes nées à l’étranger et l’enquête a été menée entre le 18 et le 24 août.
L’enquête montre que seuls deux pour cent des personnes nées à l’étranger prévoient de retourner dans leur pays de naissance à l’avenir, tandis que 16 % répondent peut-être. 76 % déclarent avoir l’intention de rester, parmi ceux qui sont venus en Suède d’un pays étranger, la proportion est de 81 %. 53 % des personnes nées à l’étranger pensent que la Suède est un meilleur pays pour leurs enfants par rapport à leur pays d’origine, tandis que 9 % pensent que la Suède est pire que leur pays d’origine. 33 % ne répondent ni l’un ni l’autre.
Passer ses vacances dans son pays d’origine
Selon l’enquête Bulletin/Novus, 85 % des personnes nées à l’étranger ont déjà visité leur pays d’origine pour y passer des vacances. Parmi les immigrants familiaux, 92 % sont retournés au moins une fois dans leur pays d’origine pour y passer des vacances, contre 79 % pour les réfugiés. Le groupe de personnes nées à l’étranger qui compte la plus forte proportion de personnes n’ayant jamais passé de vacances dans leur pays de naissance est celui des adoptés, dont 41 % n’ont pas visité leur pays de naissance depuis leur arrivée en Suède.
Novus souligne qu’il est dans la nature des choses que les personnes qui participent à ses enquêtes soient raisonnablement bien intégrées en Suède, puisqu’elles répondent aux questions en suédois. Les conditions politiques dans leur pays d’origine peuvent donc avoir changé avec le temps.
Toutefois, 79 % restent un chiffre très élevé, étant donné qu’il s’agit de personnes qui sont venues en Suède et ont déclaré être des réfugiés.
En Norvège, le quotidien Aftenposten a rapporté en 2018 que 24 % des immigrants de Somalie, 40 % des immigrants d’Afghanistan, 55 % des immigrants d’Iran et 71 % des immigrants d’Irak se rendaient régulièrement dans leur pays d’origine. Selon Aftenposten, les données ont été compilées par les Statistiques de Norvège (SSB). Une différence par rapport à l’enquête Bulletin/Novus réside dans le fait que les chiffres norvégiens représentent le pourcentage d’immigrants qui passent régulièrement des vacances dans leur pays d’origine, tandis que les chiffres suédois indiquent ceux qui ont voyagé au moins une fois.
La plupart des pays autorisent les personnes devenues citoyennes à retourner dans leur pays d’origine pour les vacances. Dans le même temps, le fait que tant de personnes arrivées à l’origine en tant que réfugiés retournent dans leur pays d’origine suggère que le besoin de protection n’est plus d’actualité, ou qu’il n’a peut-être jamais été très fort.
Les règles applicables aux demandeurs d’asile qui n’ont pas obtenu la citoyenneté varient selon les pays. En Suède, aucune restriction n’est imposée aux réfugiés qui ont obtenu la résidence permanente pour retourner dans leur pays d’origine. Toutefois, le statut de réfugié peut être révoqué s’il s’avère que la personne n’a plus besoin de la protection internationale de son pays d’origine, et dans les cas où il est établi que les demandeurs d’asile ont fourni de fausses informations sur leur besoin de protection. D’autres pays ont des règles plus strictes. La Suisse, par exemple, n’autorise pas les demandeurs d’asile à retourner dans leur pays d’origine pour voir des membres de leur famille ou partir en vacances, sauf dans des circonstances exceptionnelles. Dans ce cas, le ressortissant étranger perd le droit de continuer à détenir un permis de séjour en Suisse, selon le HCR.
En Allemagne, les voyages de vacances des demandeurs d’asile dans leur pays d’origine sont également devenus une question politique, les voyages de vacances étant considérés comme incompatibles avec l’affirmation selon laquelle ils ont fui pour sauver leur vie et cherché une protection en Allemagne en raison du danger qui les guette dans leur pays d’origine. Dans une déclaration faite en 2019, Horst Seehofer, alors ministre de l’Intérieur de l’Allemagne, a averti les réfugiés qu’ils feraient l’objet d’une enquête et se verraient retirer leur permis de séjour s’ils se rendaient dans leur pays d’origine.
« Si quelqu’un, un réfugié syrien, passe régulièrement des vacances en Syrie, il ne peut pas honnêtement prétendre être persécuté en Syrie », a-t-il déclaré, ajoutant « nous devrions le priver de son statut de réfugié ».
Par exemple, selon DW (Deutsche Welle), en 2016, des enquêtes ont permis à 66 réfugiés d’Irak et de Syrie de se voir retirer leur permis de séjour et d’être considérés comme n’ayant plus besoin de protection parce qu’ils avaient voyagé dans leur pays d’origine.
Angela Merkel a également critiqué les voyages de vacances des réfugiés dans leur pays d’origine, affirmant que cela pourrait être interprété comme une réévaluation de leurs besoins de protection.
Source : Bulletin (Suède)